Les plumes de ces dames

L’écrivain et poète Sylvia Plath, en 1958

Sur ces pages, autrefois, j’ai dit que je n’aimais pas beaucoup les plumes féminines. Arbobo, un charmant lecteur (et très bon blogueur) me soupçonnait même de faire de mon blog un vaste ring pour des cat fights qui l’amusaient énormément.

Il se trouve qu’en ce temps-là, j’avais aussi une préférence nette pour les auteurs morts. Lectrice nécrophile et misogyne, en somme.

Depuis quelques temps – une petite année environ – j’ai changé d’avis. Ma nouvelle bibliothèque se peuple de ladies.

Les Américaines, psychologisantes, forcenées de la Méthode Actors’ Studio appliquée aux lettres, plongent dans la sombre « cave » intime des personnages, en arrachent des pépites de littérature dans une langue directe et authentique. Il y a Sylvia Plath, poète foudroyante, écorchée, qui semble préparer un suicide à chaque vers (mais parmi les poètes, ma préférée est une Russe, Marina Tsvétaïeva). Joyce Carol Oates est pour moi la plus prolifique et la plus bouleversante. Lire Blonde pour comprendre ce qu’est une femme. Et une actrice.

Les Asiatiques, délicates, précises ; elles aussi creusent le cœur des hommes, mais d’une manière moins frontale. La nature, omniprésente, envahit les pages ; la vie quotidienne est un art, la fabrication des gâteaux de la fête du Têt, la cuisson du riz gluant, les cigares du bar à putes d’Hanoï. Je pense à Dong Thu Huong surtout, mais il y aussi Mian Mian et Shan Sa dans une moindre mesure. Littérature de l’instant présent et de la toute petite chose infime qui réjouit le coeur. Lire Terre des Oublis et Au-delà des illusions.

Françaises… inclassables. L’amour des mots semble primer. L’amour de l’histoire pour l’histoire. C’est raconter qui compte. Cependant l’univers est social, plus affirmé peut-être que chez les autres. Un peu de cruauté est permise. Alice Ferney, Marie N’Diaye. Lire surtout Grâce et dénuement et Trois femmes puissantes.

Ces auteurs sont des femmes et parlent naturellement de la femme. Cet être dont le corps, le charme, le parfum furent vénérés par des siècles d’écrivains mâles au point de le déshumaniser, prend soudain une dimension vibrante sous la plume de toutes ces Ferney, Oates, Atwood, N’Diaye, etc. Débarrassées du corset de la beauté et de l’obligation de séduire, les protagonistes femmes de ces romans deviennent des monstres, des filles/mères/soeurs, des hommes, des héroïnes, des anti-héroïnes, bref des âmes en mouvement, mais jamais plus de simples objets d’adoration.

Si les auteurs du XIXe siècle avaient tout de même ouvert la voie (Tolstoï avec son Anna Karénine, Balzac, un peu, avec son Eugénie Grandet), il fallait attendre le XXe siècle et l’émancipation féminine, pour que la littérature se mette vraiment à raconter la vie intérieure de la femme. Aujourd’hui, la question ne se pose plus, les femmes écrivent et parlent d’elles-mêmes, comme n’importe quel auteur – sans oublier de parler de tout le reste, comme n’importe quelle auteur.

Mon amie Madame de… m’a offert Les femmes qui écrivent vivent dangereusement, un livre illustré de Laure Adler, Stefan Bollmann et Odile Demange. Bel ouvrage qui retrace l’histoire de la femme auteur, ses souffrances, ses combats et sa gloire.

Quelles sont vos auteurs préférées? Avez-vous envie de me faire découvrir quelqu’un?

44 Commentaires

Classé dans Ma vie littéraire

44 réponses à “Les plumes de ces dames

  1. J’étais comme toi, je préférais de loin des auteurs morts et surtout les hommes. Bien que je sois pas aussi folle de la littérature contemporaine que certains amis, j’ai appris qu’il y a aussi de bonnes choses. J’adore Ishiguro par exemple ou Kjelll Askildsen. Quant aux femmes, j’ai toujours admiré Simone de Beauvoir (plutôt ses mémoires), Duras et Emily Dickinson. Pendant mon séjour en Angleterre, j’ai acheté des livres par Ivy Compton Burnett et Katherine Mansfield qui sont magnifiques. Plath aussi mais je préfère les poèmes d’Ingeborg Bachmann. Mes écrivains préférés: Proust, Laclos, Fitzgerald, Capote, Isherwood, Beauvoir, Bernhard, Austen, Bachmann – tous morts!

    • J’ai toujours aimé Beauvoir moi aussi, et Duras évidemment, évidemment, superbe!
      Mais je n’ai jamais lu de Dickinson, bien que ma mère la considère supérieure à toutes les autres auteurs qu’elle ait jamais lues…

  2. j’ai une immense affection pour « la cloche de détresse » de Plath (j’aime aussi Oates tu t’en doutes), autant dire que je suis d’autant plus flatté d’être cité dans cet article :-)

    parmi les américaines, je suis très friand des nouvelles de Dorothy Parker, Flannery O’connor, ou de Cormac Mc Carthy

    et dans mon panthéon, avec Plath, Toni Morrison et son amie Toni Cade Banbara qui m’a retourné les tripes.

    pfiou, je suis repu là ^^

    • Je suis fan de Parker aussi, vraiment magnifique – as-tu lu les traductions en ligne de ses poèmes par mon amie Périphérique?

      http://dottyparker.blogspot.com/

      Vraiment pas mal du tout.
      Je note les autres auteurs dont je n’ai encore rien lu… O’Connor, McCarthy, Cade Banbara. Merky!

      • j’irai lire ça.

        pour l’anecdote, tu auras remarqué que l’un des recueils de Parker publiés en 10/18 a été traduit par une jeune femme dont le nom ne t’est pas inconnu, la comédienne Hélène Filières :-)
        (pour qui j’ai une certaine affection ^^ )

  3. Je savais que tu avais longtemps préféré les auteurs masculins morts (dit comme ça, ça fait très féministe hardcore ;) ), mais je ne me souviens pas que tu nous ais jamais expliqué pourquoi tu n’appréciais pas les écrivaines…
    Je suis nulle quand il s’agit d’établir spontanément des listes d’auteurs ou de livres préférés (trou noir automatique) mais après intense contemplation des rayons de ma bibliothèque je dirais, dans le désordre le plus complet, Yôko Ogawa, Sara Stridsberg, Ninni Holmqvist, Jeanette Winterson, Sigrid Undset, Marguerite Duras, Monique Proulx, Marguerite Yourcenar, Elsa von Freytag-Loringhoven, Emily Brontë, les soeurs Tran Nhut, Herbjørg Wassmo, Yu Miri, Lian Hearn, Yôko Tawada… et potentiellement plein d’autres dont au moins un livre est en attente de découverte dans ma bibliothèque (Sarah Waters, Gudrún Eva Mínervudóttir, Svava Jakobsdóttir, Rosa Liksom, Monika Fagerholm, Gabriella Håkansson, Chiyo Uno, Duong Thu Huong, Cécile Ladjali, Irène Némirovsky, Eimi Yamada, Hella Haasse, Eun Hee Kyung, Murasaki Shikibu, Nancy Huston etc. etc. etc.).

    Mais je dois dire que bien qu’étant féministe dans l’âme, le sexe d’un auteur n’est que rarement un critère de choix ou d’exclusion pour moi. Un bon livre est un livre que son son auteur soit mâle, femelle, asexué, anonyme, mort, vivant ou mort-vivant. Cependant je peux tout à fait me laisser séduire par des anthologies ou collections rassemblant des textes d’écrivaines d’époques et/ou de genres littéraires dans lesquels les contributions féminines sont plus rares ou du moins méconnues (pour peu que le sujet soit intéressant, hein).

    D’un autre côté je déplore la tendance éditoriale générale à créer des collections « pour femmes », toutes roses, toutes légères, souvent bien écervellées et surtout pas « prise de tête ». J’ai l’impression que la tendance est assez récente en France mais en Allemagne elle est bien installée et depuis longtemps. Et puis quand on voit parfois la façon bien différente dont sont traités les écrivains hommes et femmes dans les médias, je me dis qu’il y a encore beaucoup de chemin à faire. Mais peut-être moins en France qu’en Allemagne, c’est possible.

    • Effectivement, je me souviens d’une visite dans une librairie de Sarrebrück il y a quelques années qui m’avait désespérée. Il y avait le choix entre « les Souffrances du jeune Werther » ou l’équivalent allemand de « l’accro du shopping à St-Tropez ». Dans les rayon, pas la moindre trace de littérature allemande contemporaine, mais des piles de best-sellers américains …

      Quand je me suis installée en Allemagne il y a quelques mois, je m’attendais donc au pire, mais j’ai finalement lu avec plaisir des livres achetés un peu à l’aveuglette : des nouvelles de Doris Dörrie, « Kürzere Tage » de Anna Katharina Hahn. Des livres de femmes qui parlent de femmes, et ce n’est souvent pas drôle d’en être une dans ce pays !

      Parmi les auteures vivantes, je trouve qu’on ne parle pas assez d’Alice Ferney. Sa délicatesse est un régal. Un peu dans le même style, j’aime aussi Siri Hustvedt. Et en plus farfelu, Aimee Bender. Marie NDiaye, j’ai du mal, il faudrait que je réessaie …

      • Oui ben dans les villes de province moyennes (pourtant j’habite dans une capitale de Land, mais qui souffre de la concurrence avec Hambourg…) la situation n’a pas vraiment évolué (j’irais même jusqu’à dire qu’ici elle empire)… (alors oui, on trouve Juli Zeh, Julia Frank, de la littérature allemande ou internationale de qualité mais mise moins en évidence que les piles de Frauenromane et autres Krimis)
        Et tes impressions sur la vie des femmes en Allemagne m’intéressent, tu peux élaborer, stp :) ?

      • @ Algue : Vanessa m’a offert un livre de Siri Hustvedt que je n’ai même pas encore eu le temps de lire, car j’ai des lectures rasoirs de recherche à faire, mais je vais me jeter dessus dès que possible.

        As-tu lu le théâtre de Marie N’Diaye? Il est vraiment formidable. Je sais que son écriture est assez dérangeante. Elle ne ménage rien et ses anti-héros sont souvent déroutants. Mais c’est puissant.

        Ici à Berlin, il y a, Dieu merci, de nombreuses librairies excellentes tenues par des passionnés. Et beaucoup d’éditeurs engagés, aussi.

    • @ Agnès : Tu éclates tout le monde avec ta liste démente, là! :-)

      Je ne choisis pas non plus en fonction du sexe de l’auteur, mais j’avoue qu’en ce moment, je suis très touchées par les écrivains femmes. Sans doute une question d’identification volontaire.

      Ces collections « Je suis une pétasse accro à la mode », « Histoire d’amour pour ménagère hyperactive » etc. m’insupportent, me rendent malade. On prend vraiment les femmes pour des gluons ou pour des cibles marketing. Le PIRE c’est que ça marche! Il n’y a qu’à voir le succès de ces insupportables blogs de filles… (je vais me faire taper dessus. Mais vraiment, ça me révolte que des femmes parlent d’elles-mêmes comme si elles étaient vraiment les portes-manteaux et les hamster cobayes à make up qu’on veut qu’elles soient).

      • Mais qu’as-tu donc contre les gluons ? C’était pourtant l’une des trouvailles les plus géniales de Téléchat ;) .
        Sinon, oui je vois ce que tu veux dire avec les blogs de filles, même si certaines sont sérieusement au-dessus du lot (si par exemple elles sont elles-même stylistes ou photographes, ça peut donner des images intéressantes). Mais oui, la réduction volontaire de la femme au rang de poupée me perturbe aussi (tiens faudrait un jour que j’en démontre l’absurdité en tentant moi-même l’expérience, je suis sûre que j’aurais l’air formidoublement débile, ou alors en aménageant quelque peu le concept… une idée à creuser…).

        Et là tu vois en relisant ma liste je me rends compte que j’ai oublié Ornela Vorpsi, Catrin Barnsteiner et Katrin Askan… faut les lire aussi. Et puis Maria Sveland aussi… bon ok j’arrête ;) .

  4. Auguri

    C’est vrai que les auteurs femmes sont sous-représentées en littérature. J’en ai lu assez peu mais quelques noms me viennent à l’esprit. Duras (même si je ne l’ai pas lu depusi longtemps), Nancy Huston, Chloé Delaume (découverte très récemment avec « Le cri du sablier »), Joyce Carol Oates, Marilyn French, Nualla O’Faolain, Antoinette Peské, Chimanda Ngosie Adachie, Daphné Du Maurier, Elfrid Jelinek, Sarah Waters, Donna Tartt, Virginie Despentes. C’est tout pour l’instant mais si je fais d’autres découvertes, je te fais signe.

    • Je pense que la tendance va changer, que les auteurs femmes seront bientôt très nombreuses à être étudiées à l’école, à la fac, etc., car déjà elles peuplent les rayons des bibliothèques et se vendent bien en librairie…

      En revanche, c’est dans le cinéma que ça pèche carrément! Les réalisateurs femmes doivent se battre pour s’imposer… C’est un milieu affreusement machiste.

      Merci pour tous tes conseils de lecture! Je prends note!

      • j’en remets une couche sur Antoinette Peské,
        de mémoire elle était poète, je n’ai lu que son (unique?) roman, « la boîte en os », qui est un bijou :-)

  5. L’établissement d’une liste exhaustive de mes auteurs favorites serait une gageure tant mon expérience littéraire en la matière est assez limitée.

    Certes, j’ai lu Marguerite Duras, Emily Dickinson ou Marina Tsvetaieva, apprécié Victoria Ocampo et découvert récemment Nelly Sachs.

    Cependant, je voudrais te faire partager la lecture de l’oeuvre trop PEU connue, malheureusement d’une grande dame de la littérature nord-africaine: Taos Amrouche.

    Née à Tunis en 1913, Taos Amrouche est la première romancière algérienne de langue française. Elle était l’amie de Gide et de Giono. Dans ses quatre romans fortement autobiographiques, elle analyse son déracinement, l’exil, la solitude et exprime le besoin d’émancipation des femmes étouffées par la tradition. Taos Amrouche est morte en 1976. Solitude ma mère, son dernier roman, est resté inédit jusqu’en 1995, date à laquelle il a été édité aux Editions Joëlle Losfeld.

    « Taos Amrouche avait une présence rayonnante, excessive comme une tragédienne antique, rires et larmes mêlés : seule sur scène, chantant a capella, elle soumettait en un instant son public à la présence charnelle de sa voix qui remplissait tout l’espace – elle a elle-même, en toute clarté, comparé l’acte de chanter à l’acte sexuel. Elle y joignait une exigence spirituelle toujours insatisfaite. Un goût pour les choses lumineuses, fleurs, fruits, une aspiration à une plénitude qui serait fusion de la chair et de l’âme. […] Mais, plus que tout, lui importaient ses romans pour elle, seuls ceux-ci livraient, mis en mots, tout ce qu’elle sentait vivre en elle de lumineux et de tragique.  » François Maspero

    “Taos ou le chant du phénix”: cette belle définition lui fut donnée par André Breton qui, en l’entendant en février 1955, écrit à propos de ses chants anciens:

    “ces merveilleuses monodies, par quel miracle venu du fond des âges, rien moins que le chant du phénix consumant toutes les ardeurs et débusquant l’aurore du sein d’un buisson de larmes…”

    Puis il termine ainsi son éloge de Taos:

    “…Tout le sacré du monde et aussi la certitude d’une tradition orphique, se transmettant d’une manière plus élective et mystérieuse qu’aucune autre, tiennent dans cette braise qui palpite dans la voix de Taos. Elle, par tous ses traits visibles, la reine Néfertiti dans une autre existence.”

    DJEBAR Assia, Ces voix qui m‘assiègent… en marge de ma francophonie,. Paris, Albin Michel, 1999

    • Oh, merci Mohamed pour cette biographie d’une auteur dont j’ai très souvent lu le nom, sans jamais me pencher vraiment sur son histoire, ni lire un de ses textes. Tu me donnes vraiment très envie de la lire, et cette phrase de Breton, ma foi, est la meilleure « publicité » qui soit – c’était peut-être un type insupportable, mais mon Dieu qu’il écrit bien…

  6. Pia

    Et chez les théoriciennes aussi, du très bon. A lire de toute urgence : The Male Body, de Susan Bordo… pas seulement une discussion du corps masculin, mais aussi des différences de genre, de l’impact des media sur la représentation du corps.. Le tout très fin, plein d’humour, en somme l’antidote parfait à toutes les âneries du genre « Les hommes viennent de Mars…  » (dont elle parle d’ailleurs, c’est savoureux..).
    Sinon… Jean Rhys ! J’ai l’impression d’en avoir déjà parlé sur cette page.. radote-je ?

    • Chouette, j’ajoute « The male body » à ma liste. Vous êtes super, je n’ai plus qu’à aller faire mon shopping… (J’ai feuilleté « Les hommes viennent de Mars », j’ai cru que j’allais tomber de mon fauteuil. Tant de connerie, de « bon sens populaire » qui ne fait qu’adhérer à des idéaux hyper conservateurs… bon, je m’emballe.)

      • Si tu veux de la théorie qui déchire tout : Judith Butler ! Ça décoiffe, c’est complexe au possible, ça demande de l’endurance mais c’est important. A lire en vo (la complexité du texte réside moins dans le vocabulaire que dans l’argumentation et les idées elles-mêmes, donc la traduction n’aide pas).
        Et puis aussi Carol Clover, que je connais et apprécie pour ses travaux sur la littérature noroise mais qui a aussi publié un ouvrage de référence dans le domaine du cinéma, à savoir « Men, Women, and Chainsaws: Gender in the Modern Horror Film ». Rien que ce côté pluridisciplinaire (études noroises et cinématographiques) est génial :) .

      • Pia

        En effet, c’est assez terrifiant.. mais pas autant que le fait que ce genre d’écrits fassent école… Je ne suis déjà pas fan de « pop psychologie » mais là c’est franchement le fond du panier.
        Et Agnès, oui, il faut lire Butler (que je n’ai que parcourue, à mon grande honte..). Clover est très bien aussi, et côté ciné il y a a vraiment de bons écrits féministes (Yvonne Tasker est vraiment bien, Mary Ann Doane…).

  7. magda,
    je te suggère aussi de lire Lydia Lunch,
    pas forcément pour le style, quoique…

    mais parce que cette artiste punk, no wave, performeuse, praticienne du spoken word, amie de la première heure de Sonic youth,
    écrit ce que personne d’autre n’écrit.

    c’est du virginie despentes en 10 fois plus fort, parce que ce qu’elle a vécu est ininmaginable et a fait d’elle cette artiste délibérément restée underground, et d’une violence incroyable.
    Ce n’est pas une rriot grrrrrrl même si elle a pu les influencer, c’est une survivante et une artiste en colère et sans limites,
    c’est l’une des femmes qui sont allé le plus loin en tant qu’artistes.

    tu peux commencer par Paradoxia, si tu ne connais pas.
    http://www.arbobo.fr/the-naked-lunch/

    j’en profite pour recommander son dernier album, un de ses meilleurs : Big sexy noise
    (où on entend sur une des chansons : « your love don’t pay my rent! » ;-)

    • ok, ça a l’air vraiment chouette. Despentes, d’ailleurs, je n’ai lu que des passages. Il faut que je la lise… j’apprécie beaucoup le personnage qu’elle est, à vrai dire.

  8. Mo

    Chez les Américaines, tu peux essayer aussi Edith Wharton. Elle a une façon assez glaçante de montrer la bonne société toute nue.
    J’insiste aussi avec Agnès sur Yourcenar, Oko Ogawa et Lian Hearn (dans un autre genre!)
    Et puis les femmes du Moyen Age, tiens, Marguerite de Navarre, Marie de France, Christine de Pizan…

    • … et Hildegarde de Bingen (qui a aussi écrit de formidables recettes d’infusions de plantes médicinales!) Une femme complètement fascinante au 12e siècle…

  9. Je regrette d’avouer que je ne connais aucune de ces poétesses éminentes! Il faudra que je m’y mette un jour parce que j’aime la poésie; j’aime le poète Mahmoud Darwich, Palestinien et décéde; chez les femmes, j’aime Duras; j’aime Agatha Christie, pas pour ses romans de détective, amusants, mais ce qu’elle a écrit en tant que romancière sous un pseudonyme (Mary Westmacott); sinon, j’ai été choqué en relisant Gide récemment; il parle de sa vie sexuelle avec les jeunes garçons arabes sans aucune pudeur. Je dois être vieux jeu!

    • Ah oui, Gide est sans pudeur… moi aussi, les travers de sa vie me gênent, mais c’est tout de même une belle plume. Séparer l’auteur de l’homme m’est parfois difficile, à moi aussi. C’est pourtant nécessaire, je crois. Sinon, on ne juge plus l’art mais le droit de l’Homme à faire de ses expériences la matière première de son art!

  10. Allez, j’en rajoute une couche… Je passe sur Beauvoir, Nin et Yourcenar, des évidences – qui m’accompagnent depuis longtemps. Dans les plus contemporaines, Monika Fagerholm (grandiose), Juli Zeh et Mary McGarry Morris. Plein d’autres bien sûr, mais ce trio-là (complètement hétérogène) m’a apporté de bien belles surprises ces dernières années…

  11. Emilie

    Nancy Huston (ses romans et ses essais sont passionnants la plupart du temps, elle a pas mal écrit sur l’exil, sur le fait de vivre dans deux langues, ça te parlera sûrement ; les lettres qu’elle a échangées avec Leïla Sebbar sont vraiment chouettes, on trouve le livre en collection de poche, comme presque tous ses ouvrages), Annie Ernaux (surtout La femme gelée, La honte et La place)
    Et tu seras peut-être intéressée de savoir que l’ouvrage de Carol Clover cité par Agnès (“Men, Women, and Chainsaws: Gender in the Modern Horror Film”) a influencé Tarentino.
    Karen Blixen, avec ses nouvelles et La ferme africaine, bien sûr. Mais aussi Carson McCullers (mais tu connais déjà, non ?)… Il y a plein de choses passionnantes du côté des Anglo-saxonnes.
    Bon, tu as réussi à me faire sortir du silence avec ta question !
    Je vois que tu apprécies Dorothy Parker. Je viens d’achever la lecture du recueil de nouvelles mentionné plus haut, et à mon grand regret j’ai été très déçue par la traduction, même si le talent de l’auteure passe malgré tout.

    • Non je n’ai encore rien lu de McCullers. Pour moi la littérature écrite par les femmes est emcore une nouveauté. Je m’y suis certes lancée à corps perdu!

      Je suis très heureuse que tu soies sortie du silence, bienvenue dans nos discussions, Emilie…

      Pour ce qui est de D. Parker, comme je le signalais à Arbobo, une de mes amies a fait une traduction de ses poèmes que je trouve tout à fait excellente, tu la trouveras en ligne :

      http://dottyparker.blogspot.com/

  12. superfaustine

    Côté fille, j’ai beaucoup de mal… Un rapide coup d’oeil vers ma bibliothèque confirme mes dires. Deux ouvrages composés par le sexe « faible ». Un Yoko Ogawa que je n’ai franchement aimé (« la Formule Préféré du Professeur ») et « Inconnu à cette adresse » de Kressman Taylor (sympathique, mais trop rapide à mon goût!)

    Mes deux auteurs chouchous sont toujours les mêmes. Le romancier Tarun J. Tejpal pour « Loin de Chandigarh » (mais peu de gens aiment) et le poète Joe Bousquet (notamment pour le dernier ouvrage paru chez Grasset « Lettres à une jeune fille »)

    Tiens, je retourne à ma lecture du moment, Seul dans Berlin, d’Hans Fallada!

    • Je n’ai toujours pas lu Seul dans Berlin! Il paraît que c’est magnifique. Tu aimes?

      • Faustine

        J’ai adoré. L’histoire, l’écriture, l’ambiance qui m’a fait revivre le Berlin des années noires.
        Vraiment, je suis désolée de l’avoir terminé si vite.

    • Loin de Chandigarh, un petit bijou en revanche j’ai été très déçue par son deuxième livre : » histoire de mes assassins ». Un roman très lent, trop lent qui ne mène à rien, les descriptions de l’Inde y sont superbes cependant.

      • Bon, il faut que je lise ces deux bouquins ! :)

      • superfaustine

        Je n’ai pas osé le lire, de peur d’être déçue justement.
        Je me contenterai de ce premier opus qui est vraiment pour moi, un choc littéraire et qui m’a redonné le goût de lire.
        En tout cas, merci de m’avoir confortée dans mon idée de ne pas lire « Histoire de mes assassins »!

  13. Lala Pardessus

    Et Colette ? Je vous découvre par le biais d’Alexandra De Lapierre, ‘j’ai flâné pour vous’.

  14. et Sagan, tiens, je savais que tu connais Duras, mais je n’ai pas cité Sagan, c’est toujours très ténu et il ne faut pas en lire plusieurs d’affilée, mais ses plus connus sont bel et bien de très bons livres, « aimez-vous Brahms? » par exemple, ou mieux encore « la chamade ».
    je ne connais pas son théâtre mais il représente quasiment la moitié de son oeuvre, ça devrait te parler :-)

  15. Donc, c’est vendredi et je suis de très mauvaise humeur sûrement (demande d’excuser à l’avance mon tapage de pied dans l’assiette du cheveu dans la soupe) mais suis toujours gênée pas les « femmes », l' »écriture des femmes » et ratatsoin et ratatsoin.
    Le serais moins, sans doute, le jour où l’écriture des roux sera passée en revue. Ou celle des plus de 70 kg. Celle des gauchers aussi. (suis bien impatiente tout à coup de lire une présentation succincte de ce qui fait l’écriture si spécifique des roux gauchers pesant plus de 70 kg… voire même des rousses… mais je m’égare)
    Encore une fois, veuillez m’excuser. Demain, c’est samedi, je saurais mieux me tenir.

    • Mais moi ce qui me gêne c’est que les femmes sont encore une… minorité. Une minorité d’artistes reconnues, de savantes, de politiques… alors quand ca, ca changera, on ne parlera plus de « femmes écrivains ».

  16. Manée de Font-Sarade

    Si j’ai bien lu entre les lignes, personne ne parle de
    Pierre de Coulevain qui s’appelait en réalité Jeanne
    Laperche (1853.1927).
    J’ai adoré son livre :  » Sur la branche « .
    Elle se raconte, et nous fait partager ses voyages, ses expériences de femme alors qu’elle a décidé de vivre libre comme un oiseau.
    Tout le monde se reconnait un peu dans son récit et surtout à la fin, puisque comme elle, un jour nous tomberons de notre branche !

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