J’aime l’automne, c’est ma saison préférée. Pluie. Mélancolie. Cela va bien avec mon humeur du moment, et puis lorsqu’il pleut, on peut se sentir pleurer un peu de partout, comme si l’on était environné par les larmes, en quelque sorte. Pourquoi pas. Comme dit ma chère Madame de…, la tristesse est parfois un sentiment bien agréable.
Je viens de découvrir une magnifique bande dessinée, La pluie, par Lambé et de Pierpont. Une histoire d’amour qui devrait finir mal – puisque c’est bien ce qui se passe en général – noyée sous une pluie torrentielle de science-fiction. Dans un lieu indéterminé et un temps indéfini, le jeune héros voit son univers englouti tout à coup par une flotte qui ne s’arrête jamais. Le monde est inondé, et lui ne s’intéresse qu’à une chose : sauver les meubles… de sa relation amoureuse avec Maya.
Sur le fil ténu d’une histoire qui ne raconte presque rien d’autre qu’un amour qui surnage avec peine, Lambé et de Pierpont plongent le lecteur dans la grâce d’un texte et d’un regard indigo sur le monde. Pas de petites vignettes, pas de bulles (serait-on dans un roman graphique, cher Arbobo, dont je recommande l’article sur Serge Clerc ici?), de grandes images qui ne racontent pas le texte mais donnent un sentiment juste de ce que voit le narrateur et de ce qu’il éprouve.
C’est publié aux éditions Casterman, collection écritures, et vous ne le regretterez pas.
Tiens, il y a un rayon de soleil, là…
Ce que tu lis 
C’est vrai que la pluie peut parfois sauver (des eaux) une mine éplorée d’amoureuse abandonnée!
et bien je te laisse juge magda,
toujours est-il que tu en parles avec tant de poésie qu’il sera difficile de résister à l’appel :-)
@ Maude : oh, c’est drôle que tu parles de ça, tiens… tu as raison ;-)
@ Arbobo : ne résiste pas, c’est une merveille. D’ailleurs, ils ont pondu chez le même éditeur une autre BD dont j’ai lu du bien dans les blogs, « Un voyage ».
Cette « Pluie » a l’air fort intéressante, et bien étrangère aux si moyennes éditions Soleil, dont je ne sais si j’ai un jour apprécié vraiment l’une des éditions.
Roman graphique, en tout cas, est une appellation qui me hérisse de plus en plus, car elle semble donner un label de qualité pour distinguer la bande dessinée de la BD (je renverrai dans ce cas davantage aux travaux de l’Eprouvette, revue éditée par l’association dont chacun des 3 seuls numéros se compte en centaines de pages).
Ce qui compte, finalement, c’est de retrouver des histoires bien torchées (et pas automatiquement avec des centaines de rebondissements), des personnages bien caractérisés, des situations qui nous émeuvent, et, naturellement, un trait qui nous touche.
Après, que ce soit une poésie graphique ou une saga crayonnée, peu importe le label, pourvu que le contenu (et le contenant) soit bon et plaisant. (ceci dit, bon, ce n’est pas obligé, cf les débats actuels chez Gitou http://art-rock.over-blog.com/50-comments-23325703.html).
Pour revenir à « La pluie », je le bouquinerai gratos chez Arbédé, qui va l’acheter et me le prêter comme d’hab’, n’est-ce pas mon cadet ;-)
désolé christophe, je capte mal chuis sous un tunnel…
T’inquiète, je t’envoie un sms par pigeon voyageur
Je note.
magnifique ce dessin…
@ Christophe : connais pas les éditions Soleil. Mais je me méfie maintenant de tes phrases, je cherche les calembours désespérément.
En ce qui concerne l’appellation roman graphique/BD… à vrai dire, la frontière est bien difficile à déterminer, et elle n’est peut-être pas utile. Je ne suis pas assez connaisseur en la matière… Arbobo a l’air de laisser filer, c’est que ça ne doit pas être bien grave ;-)
Dire que tu oses te vanter de voler les BD de ton ami, c’est honteux. Arf.
@ Arbobo : fais gaffe, le pigeon est au-dessus de ton épaule… avec un message un peu particulier on dirait. Quel vilain, ce Christophe!
@ Roxane : t’as bien raison!
@ Holden : j’ai été séduite aussi… je vais me jeter sur « Un voyage », leur autre BD, dès que j’en aurai le temps.
Soleil est l’un des plus gros éditeurs de bédés (http://www.soleilprod.com/), pas forcément très inventives, mais qui se vendent par camions, avec beaucoup d’Heroic Fantasy (Trolls de Troy & co).
Pas ma tasse de thé.
@ Christophe : j’ai fait un tour express sur la page d’accueil du site, bouh, ça m’a suffit…
Magda, encore un point commun ! Je me balade sur ton blog et y a plein de choses qui font échos (en vrac : « Lacrimosa » que je suis en train de lire, le travail de Sophie Calle, les observations de métro, « Belle du Seigneur » achevé avec peine car décidément lu trop tôt, etc…) et maintenant la pluie ! Tu as remarqué aussi ce changement de rythme ? Quand tout le monde s’agite et que tu es une des seules personnes à ne pas te précipiter sous un parapluie, celle qui cherche même à prolonger l’errance sous les gouttes ?! J’ai lu aussi cette jolie BD il y a peu de temps, voilà ce que j’en disais :
« Ce jour-là, il pleuvait beaucoup. Quand je suis arrivée à la bibliothèque, mes petits pieds étaient glacés et mes chaussures faisaient floc-floc dans les allées. Cette BD m’a fait de l’oeil alors je l’ai prise avec moi. Des couleurs délavées, de la sensualité, de la poésie : contemplatif comme j’aime, un joli moment. Et cette pluie qui n’en finissait pas de tomber… »
@ Laetitia : oh, c’est génial! Oui, cette BD est une pure merveille. Je regrette de ne pas l’avoir achetée – moi aussi je l’avais empruntée à la bibliothèque. Ce qui me fait plaisir, c’est que plusieurs personnes qui lisent ce blog se la sont offertes après mon billet. Et tout le monde est séduit. Ce bouquin le mérite vraiment. Quelle beauté!
Ça nous fait pas mal de points communs en effet!