Le samedi, c’est ravioli

Bon, ça va bien comme ça, le métro parisien. Mes histoires de transports en commun vont finir par vous agacer, j’en suis certaine. Deux dernières toutes petites anecdotes quand même, parce que c’est samedi (et le samedi, je me fais un peu plaisir, why not).

La première histoire date de la nuit dernière. J’étais sur la ligne 4, plongée dans De Niro’s game de Rawi Hage, cadeau des éditions Denoël, dont je vous parlerai bientôt et qui tape tout à fait dans le mille en ce qui me concerne. Vous connaissez la triste rengaine des types qui font la manche dans le métro… eh bien, cette fois, c’est un homme encapuchonné qui se présente, un homme noir, tout sourire, qui décrète avec vigueur qu’il « nous importune parce qu’il a décidé de trouver la femme de sa vie ». « Bon, qu’est-ce que je peux dire? » s’écrie-t-il, « Je suis câlin, doux, marrant, et je fais très bien le truc« . Cette dernière phrase fait l’effet d’un gaz hilarant parmi un groupe de péronnelles de quinze ans. « Je vais me promener parmi vous avec un cahier et si vous êtes intéressées, vous pourrez noter vos coordonnées dedans. Je veux me marier le plus vite possible ». Et le voilà qui déambule, sourire sous capuche, et fort bien accueilli par la gent féminine, à vrai dire. Ok, amis lecteurs, cette anecdote n’a rien à faire dans un blog sur la littérature, mis à part le fait que cela m’est arrivé quand je bouquinais. Mais on est samedi.

La deuxième anecdote remonte à l’une de ces journées vraiment entièrement merdiques de juin 2008, qui fut probablement l’une des périodes les plus Bridget Jonesques de mon existence (voire la seule). Il faisait chaud sur la ligne 5, mon jean me faisait l’impression d’être une peau de mammouth cloutée à mes cuisses, j’étais malheureuse comme on peut l’être parfois (pourquoi est-ce que je vis, qu’est-ce que la mort, personne ne m’aime, j’ai plus de papier-cul à la maison…). Et soudain a jailli un groupe de bargeots bariolés, tapant sur des tablas et des tambourins, sautillant et chantant « Hare Krishna » avec une joie de vivre assez revigorante. On se serait cru à Goa, si la Seine n’avait pas coulé sous le pont aérien. Avec leurs accoutrements hippie-extrêmes, ils balançaient de grands splashs de couleur éclatantes à travers tous les visages des voyageurs, qui se déridaient peu à peu. Je commençai à sautiller moi-même, arborant un sourire débile, si bien qu’à la fin, l’Indienne qui distribuait des fleurs à tout le monde m’a laissé taper dans le tambourin, comme on laisse un enfant taper sur les touches de la caisse au supermarché. Ça vaut bien une thérapie, et pour le prix d’un ticket de métro seulement.

Certes, quand l’Indienne à longue tresse piquée de jasmin m’a tendu leur carte, je me suis dit que, soit ils étaient barrés et que je n’y voyais aucun inconvénient, soit ils faisaient partie d’une secte de fous furieux, et que c’était une vitrine inoffensive dans laquelle je ne jetterai pas de pierre ce jour-là. Bon, cette anecdote n’a rien à voir avec la littérature non plus. Mais on est bientôt dimanche. Le dimanche, je me fais encore plus plaisir que le samedi.

15 Commentaires

Classé dans Ma vie littéraire

15 réponses à “Le samedi, c’est ravioli

  1. Magda fait mumuse dans le métro et sur son blog, avec des tambourins, des raviolis, des illuminés et des désespérés. C’est bien ma fille, continue comme ça. C’est formidouble. La loufdinguerie est l’une des plus grandes vertus :D .

  2. Ben moi, j’ai beau lire De Niro’s game sur la ligne 2, il ne m’arrive rien de semblable… Tant pis! ;)

  3. Tiens, ça fait longtemps que je n’ai pas mangé des ravioles au pistou !

  4. j’adore, le type qui fait son annonce dans le métro. très bien raconté, en plus !

  5. un mois sans PQ, je comprends que tu fasses la gueule :-/

  6. waou magda
    c’est fou ce qu’il t’arrive dans le métro
    alors tu as écris tes coordonnées dans le cahier du charmant monsieur

  7. Ce qui est sûr, c’est que dans ma ZX break, j’ai beaucoup moins de rencontres exotiques (avec un x).
    Serait-ce la propulsion diesel ?
    Sa couleur vert bouteille ?
    Ou bien que c’est une deux-places société ?

    Comprends pas, comprends pas…

  8. J’adore tes anecdotes de métro, c’est vrai que c’est un endroit où on fait des rencontres ahurissantes!

    Etant banlieusarde, je prends le train en plus du métro, et c’est bien marrant aussi. Ya un type qui nous lit la météo tous les jours, il a une voix de crécelle, il m’éclate.

    Ma rencontre la plus forte, c’était un jour où je pleurais bêtement, un type adorable est venu me parler, et en fait c’était un malgache (si je me souviens bien) clandestin, qui à la base était venu faire des études. Et le gars, avec toutes les emmerdes qu’il avait, il prend le temps de me consoler! Une nana qui écoutait notre conversation est venue lui apporter sa carte de visite, elle connaissait une asso qui pouvait l’aider.

    Tout ça me donne l’idée d’une nouvelle rubrique pour mon blog, à creuser!

  9. @ Agnès : faut que je te fasse lire ma pièce de théâtre, « Berlin-Fragments », dans laquelle les personnages ont du « formidouble » à la bouche toute la journée… Merci Agnès.

    @ Fashion : tu as vu, il est vraiment bien, non, ce bouquin!

    @ Christophe : pareil. Les ravioles, c’est difficile à bien cuire. Je les rate une fois sur deux. Et difficile à décoller aussi. Il faut les passer un peu au freezer avant… ahahahaha.
    Ma mère a la même ZX vert bouteille que toi. Pour transbahuter une tonne de cochonneries de brocante. Mais elle ramène toujours des gens des quatre coins du monde lorsqu’elle chine à travers la Bourgogne. La caisse de ma môman, c’est un peu un van Volkswagen qui s’ignore. Tu vois, toi aussi tu peux le faire.

    @ Marie : merci beaucoup! Tu tomberas peut-être sur lui un de ces quatre…

    @ Arbobo : surtout que les Kleenex, c’est doux, mais pas pratique. Et un peu luxueux pour l’usage qu’on en fait lors de ce genre de pénurie.

    @ Stéphane : non, je suis descendu avant qu’il ait fini de noter les numéros des gamines de quinze ans. Il va se faire arnaquer à mon avis. Il faut une dérogation à cet âge-là pour passer devant monsieur le maire.

    @ Neige : géniales ces histoires! Je me souviens aussi que sur la ligne 9, il y avait autrefois un conducteur qui faisait des calembours avec les noms des stations…

  10. « La caisse de ma môman, c’est un peu un van Volkswagen qui s’ignore. Tu vois, toi aussi tu peux le faire. »
    Euh… pasque tu crois que je ne fais pas pareil ? ^^

    Sinon, le conducteur de la 9 qui disait des conneries avait sévi un temps aussi sur la 5. À pisser de rire dans ses discours au terminus Place d’It’.

  11. @ Christophe : il faut mettre la main sur ce type, c’est un génie.

  12. funnyface

    ça donne envie d’avoir le métro … ici c’est le bus ou rien, et en plus j’ai une voiture … qu’est-ce que je rate quand même ! ! ! ;)

  13. @ Funnyface : oui, mais bon, le métro c’est aussi « l’enfer c’est les autres », je te rassure!!!

  14. Mais j’adorerais la lire, cette pièce dont je n’ai pu malheureusement voir que des extraits en vidéo (en meme temps ça va bien avec la notion de fragment ;) ). Si tu as moyen de me la faire parvenir, je suis preneuse.

  15. @ Agnès : avec plaisir, je vais te l’envoyer, mais je réclame ton indulgence, car tu sais bien que le théâtre est toujours meilleur sur scène que sur le papier!

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