Grâce et dénuement

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Il y a des gens qui ont l’art du cadeau qui touche droit au coeur. Mon amie Marie a cette grâce. C’est ainsi que pendant ma fête d’anniversaire au Point Ephémère, lors de laquelle j’étais passablement hystérique (il faut croire que mes capacités à faire la fête augmentent avec l’âge), Marie m’a glissé ce livre dans les mains.

Grâce et dénuement d’Alice Ferney. En dédicace, Marie avait écrit : « la plume d’Alice est délicate »…

Et comment! Si je suis un peu réfractaire, en général, aux auteurs féminines (allez savoir pourquoi, de la jalousie peut-être…) et surtout contemporains, entre les pages du livre d’Alice Ferney, j’ai moi aussi été touchée par la grâce.

Ici, la tribu gitane de la vieille Angéline souffle et sue sa misère et sa passion de vivre sur un campement dénué de tout. L’ange gadjé*, Esther, vient faire éclore la grâce en lisant des histoires à ces enfants illettrés. « Je crois que la vie a besoin des livres, dit Esther, je crois que la vie ne suffit pas. » Et tout ce petit monde marginal, sale, pauvre, violent, ensanglanté par la brutalité des maris soûls et des femmes qui vocifèrent, se met à vibrer différemment.

Le style d’Alice Ferney mérite un véritable hommage. Depuis les dialogues qui fondent dans la prose, à la douce oscillation entre belles lettres et familiarité, cet auteur ne se courbe pas devant les canons de la littérature contemporaine. Mais cherche, bien au contraire, sa propre voie, un peu abstraite, un peu éthérée, un peu mélancolique et diablement unique.

Alice Ferney, si un jour vous lisez ces lignes, je ne peux que vous exprimer ma très grande admiration. Merci, Marie, pour ton cadeau… Et vous, amis lecteurs, n’attendez plus…

* gadjé : une fille qui n’est pas tzigane.

23 Commentaires

Classé dans Ma vie littéraire

23 réponses à “Grâce et dénuement

  1. premier je suis

    merci de la découverte

    j’irai quand j’aurai le temps

    on en parle bientôt

    PS: vendredi c’est vernissage

  2. @ Stéphane : je crois que tu aimerais, ce bouquin est un bijou, pas une once de niaiserie… vendredi vernissage??? je viens (avec les Piliers de la Terre)! envoie moi les infos par mail?

  3. Beau cadeau que ce livre dont je garde un souvenir de petit miracle (passager hélas : Dans la Guerre de la même Alice Ferney m’a paru si différent que je n’ai pas pu franchir le début… mais j’y reviendrai un jour, puisqu’il honore mes étagères).

  4. tu n’es pas la première à faire l’éloge de Alice Ferney, et pourtant, je n’ai toujours rien lu d’elle… mais c’est prévu, un jour :)

  5. Je ne connais pas en ce moment je lis Didier van Cauwalert. J’aime assez !

  6. @ Don : ah zut, c’est bête que tu me dises ça, j’avoue que j’allais m’acheter la bibliographie complète de Ferney…

    @ Emeraude : commence par celui-là alors, il est sublime!

    @Amylee : jamais lu, Cauwaelert! c’est vraiment bien?

    @Stéphane : j’y vais et je te dis ça. Tu me fais peur là… et merci pour le mail.

  7. C’est un très beau récit et je te recommande également de Ferney, « L’élégance des veuves », poignant. C’est marrant ce que tu dis sur les auteurs féminins, avant je n’aimais pas du tout et maintenant que l’âge m’a apporté la sagesse :)), j’aime de plus en plus et j’ai eu de gros coups de coeur pour des auteurs féminins contemporains (il faut que tu lise Amanda Eyre Ward!)

  8. Encore une belle découverte que je m’empresse de noter !! :-)

  9. ah, Alice Ferney !! J’aime tellement ! Comme Fashion, je te conseille L’élégance des veuves

    ou Laurence Tardieu, ou Véronique Olmi, ou bien sûr, Amanda Eyre Ward, foi d’amanda!

  10. Ton billet donne furieusement envie de lire et la photo me donne envie d’avoir une fillette!

  11. @ Fashion : merci Fashion, je note le titre. On m’a beaucoup recommandé « La conversation amoureuse » également, tu l’as lu? Quand à Amanda Meyre Ward, je note aussi!

    @Florinette : tu vas adorer! j’attends ton avis!

    @Amanda : merci pour toutes tes idées, allez, à moi la littérature féminine! Laurence Tardieu, faut que je m’y mette, tout le monde parle d’elle sur la blogosphère…

    @Roxane : te connaissant, tu vas littéralement adorer le livre. Et la fillette, je la trouve renversante moi aussi! ces ongles!!! ce regard! ces cheveux!

  12. @ Stéphane : sur ton article du Monde, merci pour le lien, c’est en effet angoissant à mort. Je pense que je vais le publier!

  13. Tu me donnes furieusement envie de le lire! je note tout de suite! et puis je vais voir sur le monde ce qu’il y a d’angoissant… vous me faites peur là…

  14. anjelica

    Je ne connais pas encore cette auteure et pour l’instant cela ne me tentait pas mais je vais peut-être changer d’avis ;)

  15. @ Anjelica : chère Anjelica, crois moi tu ne le regretteras pas!

  16. Pingback: La “vraie” critique « Ce que tu lis

  17. Merci donc, puisque c’est sans doute grâce à toi que j’ai fini par bien vouloir ouvrir ce livre. Je n’ai pas été déçue. Je lirai sans doute d’autres titres de cette Alice.

  18. @ Sylvie : je suis absolument ravie de t’avoir convaincue!

  19. Pingback: Blog-O-Book » Au nom de la mère

  20. mimidoue

    Bonjour, j’ai beaucoup aimé ce livre mais je ne comprend pas le sens du titre  » grace et dénuement »….vous pourriez me l’expliquer????

  21. @ Mimidoue : bonjour, ce titre exprime l’idée que les gitans du roman, qui vivent pauvrement et entourés de peu d’objets à cause de leur nomadisme, (le dénuement donc), touchent la grâce du doigt grâce à la lecture.

    Dans ce livre d’Alice Ferney, la lecture est en effet la porte ouverte sur le monde extérieur, sur l’intelligence, sur une autre façon d’appréhender les choses et les gens, sur la compréhension entre hommes et femmes ; c’est aussi un pont entre gitans et sédentaires.

    Cette évolution est particulièrement incarnée par le personnage de la petite gitane qui finit par être scolarisée, et par le personnage d’une des belles-filles qui quitte son mari violent pour devenir indépendante, trouver un travail légal et vivre en ville.

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