Le livre et la terrine font bon ménage

Rencontrer un éditeur grâce à Maïté, serait-ce possible?

Quand Barry Lindon l’Irlandais m’emmène dîner, ça finit toujours comme un doux rêve hippie. Tout le monde se parle, tout le monde vient des quatre coins du monde, tout le monde est beau à la lueur d’un verre de Chinon. Ce soir, j’étais bien entourée, donc, puisque Barry Lindon l’Irlandais et son ami N. L’Italien étaient d’humeur joyeuse, à se taper des terrines bien de chez nous dans une petite adresse franchouillarde qui niche dans ma rue (ne comptez pas sur moi pour la divulguer, déjà qu’il faut faire la queue un soir sur deux…). Mais j’étais aussi gardée par mon chien de faïence de frère, sérieux comme un pape et ironisant sur le monde avec son humour pince-sans-rire habituel, derrière ses lunettes snobs. Bref, on se marrait autour d’un dîner à vingt euros comme on n’en fait plus beaucoup à Paris.

L’heure fatale de se griller une petite blonde, décidée par le gouvernement pour le bien de tous, nous mène sur le trottoir devant notre charmant restaurant. Un homme à l’allure de Père Noël baroudeur nous tient la porte, tout aux voluptés de sa gitane incendiaire. Miracle et ironie des lois françaises : parce qu’il nous faut fumer dehors, nous nous mettons à parler avec le bonhomme.

Bingo. Ancien éditeur, il a baroudé pour son travail, du Pôle Nord aux Orients lointains, avant de se poser enfin à Paris pour bouffer comme nous de bonnes terrines de campagne.  Il travaillait pour la maison Artaud, aujourd’hui rachetée par Flammarion. A bien connu Benjamin Flammarion, « un vrai amoureux des livres« . Depuis sa maison de Madras, dans le Sud de l’Inde, notre interlocuteur aimait à rendre quelques services à Mère Teresa. Selon lui, l’époque hippie a eu ses dommages collatéraux – mais c’était magique, tout de même.

Aujourd’hui, rien n’est plus pareil. Votre jeunesse est triste. Nous, nous étions fous. Vous n’avez pas eu le choix. Aujourd’hui, vous pouvez trouver dans les livres et les voyages une chose bien différente de celle que nous avions. Nous avions le rêve, vous aurez la lucidité. Ce qui est bien plus précieux.

Cela m’a tellement rendue joyeuse, et l’ami Italien me racontait des choses tellement bizarres et magnifiques sur des femmes vidéastes suisses des années 40, que j’ai repris du dessert : une magnifique tarte maison à la rhubarbe. L’ancien éditeur s’est alors penché vers moi en souriant dans sa barbe blanche : « Ça fait plaisir de voir une jeune fille d’aujourd’hui aussi gourmande ». Pour un peu, je me serais prise pour Maïté.

C’était la minute littéraire et futile du soir, bonne nuit et vive la rhubarbe.

(Et d’avance, bonjour à la majorité d’entre vous qui n’avez pas un rythme totalement décousu!)

19 Commentaires

Classé dans Ma vie littéraire

19 réponses à “Le livre et la terrine font bon ménage

  1. Je viens te tenir compagnie en ce début de nuit. Mais nous ne sommes pas les seules déboussolées j’ai l’impression : la rhubarbe, ce n’est pas de saison. Ce monsieur cependant a bien raison : vive la gourmandise !

  2. @ Agnès : chouette, une copine noctambule! C’est pas de saison la rhubarbe? Y a que les Allemands pour savoir la saison de la rhubarbe… ;-) bon, tant pis, c’était exquis tout de même. Et je suis d’accord avec toi, nourrissons-nous.
    Au fait, tu es en vacances d’après ton blog? Comment ça se passe?

  3. Ben en visite dans ma famille donc tensions. Mais je lis et je flane en librairie, alors ça compense un peu. Ça peut paraitre tordu et cruel comme mode de fonctionnement mais ces séjours annuels en France me rappellent pourquoi j’ai choisi l’étranger et l’éloignement. Enfin de compte c’est un bon remède contre les doutes ; j’ai bien fait de partir.

  4. oui vive la rhubarbe! vive la lecture! vive le père noël baroudeur! (puisqu’il semble qu’il existe)

    Je tuerais pour avoir un rythme décousu, pas d’insomnie autorisée je commence le taf à 7h30:(

  5. @ Agnès : Comme je te comprends! L’amour qu’on peut porter à sa famille est parfois proportionnel au besoin que l’on ressent de s’en éloigner – du moins pour un temps. Je t’aime – je t’étouffe, c’est rude…

    @ Roxane : il existe, le Père Noël baroudeur, et il est aussi malicieux et gentil qu’on le rêve.
    Moi aussi je commence tôt mais… j’ai perdu le goût du sommeil, je préfère travailler en ce moment… il me faudrait une pilule pour ne plus jamais dormir, je serais tellement heureuse!

  6. tres bien magda
    mange de la tarte encore

    héhé

    tres bien ce resto
    ça donne envie

    et travaille bien, moi en ce moment, je dors
    héhé

  7. Ha ha ha ! J’ai deviné ou tu habites, grâce aux indices : bld Youri Gagarine, à Bondy.

  8. Roxane

    Rien à faire, je ne suis pas du matin, nein!

    Après tout ce n’est peut-être pas pour rien que mon premier prénom est « Lune » et que j’y suis aussi souvent perchée!…et interdiction de se moquer!!!

  9. Un billet appétissant, mais sauf pour la photo alors !

    Roxane : lune, c’est, heu, marrant…(mais je me moque pas, j’t’assure;-) ).

  10. Hum tu m’as mise en appétit! D’ailleurs quand est-ce qu’on se fait une petite bouffe (ou une beuverie)? Je t’appelle bientôt.
    C’est vrai qu’on est moins des doux rêveurs et plus lucides, malheureusement souvent cette lucidité se teinte d’un cynisme désespérant (du genre le monde va mal et on peut rien y changer).

  11. Ah, voilà un beau motto : « Vive la rhubarbe! », je plussoie! :) (et si tu trouves la pilule qui empêche de dormir, je suis partante, ça m’éviterait de stresser parce que je crois toujours que je n’aurai pas le temps de tout faire…)

  12. @ Stéphane : fais de beaux rêves…

    @ Christophe : bien joué! Et je m’appelle Laïka, en vrai. Je vis en colocation avec une araignée.

    @ Roxane : Lune? C’est vrai? Ça va bien à ton joli teint.

    @ Emma : elle est splendide cette photo. Frontale, rougeaude, française.

    @ Neige : (hé Neige tu veux me faire passer pour un pilier de comptoir sur mon propre blog? – toux gênée). J’aimerais beaucoup dîner avec vous, ma chère amie. Photos, photos!
    Quant aux jeunes d’aujourd’hui, je suis d’accord, nous devrions les abattre. J’épargnerai ton amoureux, ce n’est pas parce qu’il porte le nom d’un volatile qu’on lui volera dans les plumes. Ravie de vous avoir de nouveau parmi nous, les jeunes.

    @ Fashion : apparemment, Fashion, nous ne sommes pas bios d’aimer la rhubarbe en été. (En été? Ah oui, c’est toujours l’été. Étrange) Pour faire tout ce que tu as à faire, un conseil : le clonage. hihi

  13. « apparemment, Fashion, nous ne sommes pas bios d’aimer la rhubarbe en été. » Si si, la rhubarbe se conserve très bien en confiture. D’ailleurs, nous avons un bouquin sur « Les conserves et les confitures de Maïté », pas mal fait d’ailleurs (c’est une païs la Maïté (de Rion certes, mais c’est à 20′ seulement d’ici), donc elle ne peut pas être foncièrement mauvaise).

    Ensuite, nous avons des rhubarbes qui donnent depuis 2 mois ici, mais elles sont encore trop étiques pour que les cotes soient bien juteuses, à la différence des blettes, déjà mures.

  14. @ Christophe : merci Jean-Jacques Rousseau.
    Cela dit… la rhubarbe en confiture c’est moyen moyen dans la tarte. Je ne sais pas d’où venait cette rhubarbe-là, mais sûrement pas de chez nous, ou alors elle avait fait un petit tour dans le congélo.

  15. PS : « pas de chez nous » = sûrement pas de chez moi, de toute mon existence, il n’y a qu’un cactus qui a résisté à ma main anti-verte.

  16. Miam, de la tarte au cactus :D .

  17. @ Agnès : à tester. Avec les piquants. Ça réveille.

  18. Roxane

    Oui c’est vrai ma mère (un peu perchée elle aussi) avait sans doute deviné que j’aurais un teint bizarre de blonde-rousse-châtain…

  19. @ Roxane : intuition formidable en effet, ça te va bien, Fraülein Lune.

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